Ce projet, c’est une sacrée aventure, et un bon coup de folie. S’arracher de tout, partir sans toujours savoir où nous irons ou dormirons, réduire notre niveau de confort… mais pourquoi faire ? Quel sens à tout ça ?
La genèse
Ce projet est venu tout doucement, sans crier gare. Une année, nous projetons de faire un week-end en Bourgogne sous la tente avec des amis. Durant ce week-end (et surtout lors d’une dégustation de vin dans un château), nous découvrons sur un parking un 4×4 Defender équipé d’une tente de toit. Et là, la révélation !! Une tente qui s’ouvre en seulement 2 minutes, à 2 mètres du sol évitant l’humidité, et avec un vrai matelas à l’intérieur. « Révélation » parce que nous avions mal dormi, eu froid et pris l’eau. Nous sommes au mois de mai, c’est décidé, cet été nous partirons en vacances avec une tente sur le toit de la voiture.
Dès lors, nous n’avons cessé d’expérimenter des semaines de vacances off-road en Auvergne, Camargue, Provence, Bretagne, Pyrénées, Espagne.
Nous faisons alors l’expérience de se perdre au beau milieu de la nature. Les chemins de terre nous deviennent familiers, l’art du bivouac se professionnalise et notre amour pour les grands espaces de nature grandit.
Durant ces semaines, nous goutons cette joie d’une vie de famille en hyperproximité, de partage de chaque instant, une vie à l’écoute de chacun, et où chaque moment est un émerveillement devant la découverte de la nature, d’un paysage, d’un caillou, d’une rencontre improbable, … nous apprenons à vivre avec ce sentiment étrange de se lever le matin sans savoir quelle route nous emprunterons et dans quel lieu nous dormirons le soir même. En matière de logistique, de cuisine, d’équipement, de connexions, nous apprenons à faire plus simple, plus sobre.
Plus tard, nous découvrons les expéditions et voyages autour du monde menés par des familles (600 pistes, sixontheway, pas dans un fauteuil, le monde des lions, Dacaluf, et bien d’autres encore…). Petit à petit, nous rêvons d’aller plus loin que nos régions françaises. La lecture des histoires vécues par d’autres avant nous, nous font prendre conscience que cette aventure pourrait aller au bout du monde. La question devient insistante, et si nous allions vraiment plus loin ?
Progressivement cette intuition se renforce, se transforme en rêve, puis en projet, et progressivement en réalité. Un beau matin, c’est le « oui ». Nous partirons ! Vient aussitôt une liste de questions et d’interrogations. Mais la première question qui nous occupe l’esprit, c’est de comprendre ce « pourquoi partir ? ». Quelle est vraiment notre motivation ? Seulement le désir de vivre une aventure excitante ou bien quelque chose de plus profond ? A cette question qui va fonder notre projet, nous avons formalisé trois réponses qui vont nous permettre de poser les bases de notre aventure au bout du monde.
Marqué par la vie
Notre vie de couple a été marquée par l’accueil de notre premier enfant, Emmanuelle. Durant la grossesse, nous apprendrons que sa vie sera courte. Nous décidons alors par amour de laisser toute sa chance à notre petite fille de vivre sa vie, aussi courte soit-elle.
Si nous sommes bien démunis devant cette situation qui chamboule tous nos projets, nos référentiels, nous prenons conscience que nous ne pouvons pas ajouter de jours à la vie. Dès lors, nous n’allons cesser de chercher à ajouter de la vie aux jours. Emmanuelle nait le 24 juillet 2011 et nous quitte le jour même. Elle fait de nous des parents ce jour là. Convaincu que désormais « tout est accompli » dans l’amour et par amour, nous poursuivons notre vie de jeunes parents.
La courte vie, mais incroyablement intense que nous a offert notre Emmanuelle, nous permet de réaliser combien notre vie est fragile et passagère. Nous décidons alors que nous passerons les jours et années à venir à vivre à fond nos vies, quelque en soient leurs durées.
#1 Prendre du temps en famille
Avec l’histoire d’Emmanuelle, nous réalisons encore plus notre chance d’avoir sur terre trois beaux enfants en bonne santé et plein de vie. Alors oui, comme tous parents nous voulons profiter d’eux, les voir grandir, les aimer, leur donner le meilleur, mais surtout vivre ensemble. Le temps où ils s’envoleront pour de nouveaux horizons à l’âge adulte arrivera bien assez vite… alors nous voulons profiter et continuer de semer en eux ce qui nous paraît essentiel: l’amour, le pardon et l’attention aux autres.
Nous sommes les premiers à avoir pris des chemins de travers et à avoir eu ces dernières années un rythme professionnel pas toujours très équilibré. Bien souvent parce que nous avons vécu nos aventures professionnelles avec passion et enthousiasme. Notre monde va à une allure folle, nos agendas professionnels et de famille ressemblent à des patchworks irrespirables… cette pause de 18 mois, un peu hors du temps nous apparait comme vitale pour nous. Nous avons cette chance de pouvoir le faire professionnellement alors fonçons!
#2 L’aventure et le défi au quotidien dans la découverte du monde
Même si nous partons avec un apparent confort… 4×4 moderne et confortable, objets hightechs et nouvelles technologies embarqués à bord, nous vivrons dehors sous une tente pendant 18 mois.
9m2, c’est la taille de notre nouvelle maison. Notre jardin, lui n’aura aucune limite.
Nous allons bivouaquer par tous les temps, sous la chaleur et la moiteur en Afrique, sous la pluie et le froid en Terre de feu, au milieu des animaux sauvages dans le bush, sur les plages paradisiaques du Mozambique, au pied des volcans au Chili, dans le désert en Bolivie, dans la jungle de la foret Amazonienne… Se mettre au diapason de la nature, apprendre à s’adapter à elle et aux saisons, faire du feu en toute circonstance pour pouvoir cuisiner, se chauffer, passer une bonne soirée et garder à distance les animaux. Bien sûr, il faudra faire la vaisselle et les lessives à la main, cuisiner sur un feu de bois (bien souvent!), sans four ni surgelés, faire l’école aux enfants, installer puis ranger le bivouac presque quotidiennement, réparer la voiture (on espère pas trop souvent!)… autant de choses qui rythmeront certainement nos journées et parfois nous paraitrons bien routinières… comme à la maison en fait. Notre seul avantage… nous aurons vraiment le temps de vivre et de découvrir le monde que bien souvent nous ne connaissons pas.
#3 A la rencontre de l’autre, partager avec l’inconnu
Vivre l’abandon… expérimenter de ne pas tout contrôler. Se laisser surprendre par la route, par celui que nous rencontrerons, par les aléas du voyage, par la météo, bref prendre le temps de vivre et d’écouter nos coeurs.
Notre volonté est vraiment d’être disponible pour aller à la rencontre des autres, les populations locales, celles plus reculés, les voyageurs, les missionnaires qui oeuvrent. Nous voulons découvrir les cultures, comprendre les réalités de vies, aimer ceux qui nous serons donner de croiser (même le douanier qui nous demandera des bakchichs!), donner un coup de main ici ou là…
Nous avons une petite idée sur les grandes lignes des pays que nous parcourrons pendant ces 18 mois…
L’itinéraire est écrit… mais nous le vivrons en fonction des rencontres que nous ferons. Nous avons notamment plusieurs points de chutes identifiés dans des dispensaires ou missions humanitaires.
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